Gennevilliers : Magda et Sami, du Luth aux grandes écoles

Sciences Po and Panthéon-Sorbonne University promoting diversity on campuses.

Editor's note:

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Le Parisien
December 04, 2016

Ils ont grandi tous les deux au Luth, dans le même bâtiment. Et aujourd’hui, ils prennent le métro pour se rendre chaque jour dans les beaux quartiers de la capitale : elle pour rejoindre les bancs de la Sorbonne, lui ceux de Sciences-po Paris. Magda, 21 ans, et Sami, 19 ans, étaient assis côte à côte ce samedi après-midi sur la scène de l’espace Aimé Césaire, au cœur de ce quartier étiqueté prioritaire de Gennevilliers, pour raconter leur parcours à l’occasion des « Etoiles du Luth », rendez-vous valorisant des parcours réussis. Le leur prouve que naître dans une cité et faire des études supérieures dans les meilleurs établissements français, c’est possible.

« La plupart de mes amis ont choisi une filière technologique et se sont inscrits dans leur fac de secteur. Beaucoup auraient pu choisir une autre orientation, mais ils se sont auto-censurés, regrette Magda, en master 1 monnaie-banque-finance à Paris1. Parce que depuis tout petit, on a des exemples de gens qui ont essayé d’entrer dans de grandes écoles et qui n’ont pas réussi. Alors on a tendance à rester dans sa zone de confort, par peur de l’inconnu, d’être jugé par les autres ». La jeune femme reconnaît que les premiers mois à la Sorbonne ont été difficiles : « Je ne connaissais personne, les autres étudiants étaient déjà en groupe. Il faut casser cette timidité, avoir beaucoup confiance en soi, se dire qu’on mérite d’être ici ».

La première journée de Sami rue Saint-Guillaume a aussi été un choc : « Les discussions ne sont pas les mêmes : au lycée Galilée on parle du match de foot de la veille, à Sciences-po on se demande si les électeurs de gauche vont voter aux primaires de droite ! » Le jeune homme a vite pris confiance en lui, « quand les premières notes sont tombées et qu’elles étaient meilleures que ceux qui avaient fait une prépa à 3 000 € ». Plus tard, Magda et Sami veulent aider les jeunes de leur quartier à être plus ambitieux dans leurs choix d’orientation. Le frein vient parfois du collège et du lycée : « Le bac général est présenté comme l’épreuve de notre vie, alors que pour les autres lycéens, c’est une simple formalité ». « Mais entre les aides de la ville de Gennevilliers et les bourses d’études, on est aidé financièrement. L’argent n’est pas un obstacle », assurent-ils tous deux.