Direction scientifique : Aline Caillet Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne; Marco Dell’Omodarme, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne; Elizabeth Povinelli, Columbia University.
Dates: du 10 au 12 avril 2019.
Lieu: Columbia Global Centers - Paris, Reid Hall, Paris, 4 Rue de Chevreuse, 75006, Paris
Partenaires Institutionnels : Ce colloque est organisé grâce au support du programme Alliance
(Columbia University, École Polytechnique, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne & Sciences
Po) en partenariat avec le Columbia Global Centers et Phantom.
PROGRAMME COMPLET
Le « tournant ontologique » a réorienté la philosophie occidentale, l’anthropologie et l’étude transdisciplinaire de la culture vers une enquête sur les « modes d’existence » (des êtres humains et non humains) [Viveiros de Castro, Latour, Povinelli] et vers les structures internes à la pensée occidentale, oeuvrant à une nouvelle compréhension de la modernité aux États-Unis comme en Europe.
Ce regard, d’une part, porte ouvertement une critique de l'épistémologie occidentale [Latour, Povinelli, Haraway] et du système politique et économique qu’elle sous-tend [Moore]. Il se présente, d’autre part, comme une sorte de position extérieure, à même de fournir une base stable depuis laquelle la culture occidentale pourrait développer, par elle-même et pour ellemême, ses propres critiques.
Pour différentes raisons, un certain nombre de chercheurs occidentaux se sont engagés dans une critique profonde de l’Ouest compris comme un tout (épistémologie, ontologie et culture occidentales, entre autres, parfois désignées comme « la modernité occidentale »). Celle-ci fait écho au sinistre scénario de la crise, à la fois économique et écologique, où l'anthropocène a favorisé la conception d’un temps unique, d’un lieu unique et d'un paysage culturel unique : celui de l’ouest.
La modernité occidentale a surgi au moment même où le destin du monde a été scellé. En tant qu’héritiers de cette même modernité, qui nous a conduits au système économique dans lequel nous sommes maintenant pris (libéralisme tardif), il nous appartient de revenir sur ses origines historiques ; là pourrait constituer notre ultime effort et engagement. Tandis que ce travail a jusqu’alors été orienté vers la cartographie des modes d’existence et l’émergence de nouveaux « sujets » du monde nouvellement redessiné, certains, en marge du monde libéral-tardif, ont souligné les racines mêmes du projet épistémologique et politique des Modernes. Leur point de vue externe est souvent celui d’une résistance à la dimension « globale » du libéralisme « global », tout en constituant en même temps un contre-pouvoir au libéralisme lui-même.
À partir des travaux d’Elizabeth Povinelli, ce colloque se propose d’examiner les racines des sujets libéraux ainsi que les processus de subjectivation contrainte propres au libéralisme. Elizabeth Povinelli s’est elle-même fixée comme objectif de décrire la structure interne de la version la plus récente du libéralisme (libéralisme tardif) et a montré comment le geontopower fonctionne dans les structures fondamentales de notre espace culturel.
Nous aimerions étudier comment la critique tardive du libéralisme conditionne les processus de subjectivation. Povinelli précisément montre la façon dont l’articulation vie / non-vie fonctionne de manière centrale dans la production de différents types de sujets, d’agentivités et d’empowerment, et les distribue sur une échelle graduée où « la vie » constitue elle-même une valeur.
Pour ce symposium, nous souhaiterions nous concentrer plus spécifiquement sur ces nouvelles analyses critiques du libéralisme et sur leur diffusion en Europe, en cartographiant les lieux qui ont émergé ces dernières années et en montrant comment l’éco-féminisme, le nouveau matérialisme, les écosophies, l’écologie profonde et le geontopower cristallisent un type spécifique d’agentivités.